La césarienne

 
Je suis née par césarienne. Je suis née comme ça, parce que ça n’a pas été possible autrement. Et puis c’est tout. Ma maman a failli perdre la vie car on avait oublié du tissu chirurgical dans le ventre en refermant, donc hémorragie.
 
Quand j’étais enceinte de Nathan et  que je pensais à l’accouchement, je n’ai jamais envisagé avoir une césarienne, bien au contraire. Je visualisais plutôt l’accouchement par voie basse et cela engendrait chez moi une émotion intense, je voulais tout ressentir, ne pas avoir de péridural et vraiment vivre mon accouchement jusqu’au bout. J’avais envie d’y être. J’avais envie de le vivre. Mais je ne pensais pas que ça pourrait se terminer en césarienne.
 
 
Et puis le jour de la naissance de Nathan est arrivé. Le jour du terme, à la visite on m’a annoncé que j’aurai une césarienne programmée car col non ouvert, pas de contraction et bébé haut. Je l’ai très mal pris, la peur m’a envahie, les larmes de même, je ne voulais pas qu’il m’arrive ce qui était arrivé à ma mère. J’avais peur aussi de ne pas pouvoir allaiter, faire un choc à la rachis anesthésie ou que mon cœur lâche.
 
Sauf que je n’avais pas le choix, c’était pour le bien de mon bébé.
 
 
 
Je suis partie au bloc. Sans mon amoureux. En 30 min c’était terminé, on me l’a présenté. Il était d’une beauté divine. La sage-femme l’a vite emmené, et c’est son papa qui m’a raconté la suite. Ces moments, à quelques minutes de vie, où je ne savais plus où était mon bébé.
J’ai l’impression d’avoir plutôt bien vécu cette césarienne, mais pour moi ça reste quand même un déchirement de ne pas avoir accouché par voie basse, j’ai l’impression d’avoir loupé un moment magique, l’impression d’avoir eu mon bébé arraché de mon ventre. Surtout que ma grossesse était une grossesse surprise et que je ne l’ai su que à 6 mois de grossesse.
 
Peut-être parce qu’on ne m’avait pas vraiment prévenue. Les sage-femmes me disaient que tout était parfait pour mon col, que j’allais accoucher par voie basse, j’ai même fait la préparation à l’accouchement, j’étais prête, mais pas pour une césarienne, car on ne nous prépare pas à cette éventualité.
 
Peut-être parce que du coup, les gens ne savent pas trop quoi dire. C’est vrai, l’accouchement est devenu un évènement racontable, raconté, à la famille, aux amis les plus proches. Mais une opération, ça ne se raconte pas. Pas de la même façon. Quand une maman me raconte son accouchement, je ne sais même ce qu’elle a pu ressentir car je ne l’ai pas vécu moi même. J’ai pris cela comme un échec de ne pas avoir pu donner la vie moi même sans personne pour m’aider.
 
Peut-être parce que dans les jours qui suivent la naissance, on n’est pas exactement pareille qu’une jeune accouchée « normale ». On ne peut pas se lever correctement, moi personne ne venait en plus m’aider à prendre une douche, c’est ma maman qu’il la fait. On a mal lorsqu’on essaie de sortir son bébé du petit lit transparent et comme j’ai refusé qu’on l’emmène en nurserie, dès qu’il pleurait il fallait que je sorte de mon, lit que je le berce en marchant sur la pointe des pieds car sinon ça me tirait trop. On doit patienter un peu plus pour la montée de lait.
 
Peut-être parce qu’en rentrant de la maternité, en regardant sur les forums, toujours, je me suis rendu compte que beaucoup de femmes vivaient très mal leur césarienne. Qu’elles avaient l’impression de ne pas avoir accouché, vraiment. D’avoir l’impression d’avoir eu mon bébé arraché de mon ventre en plus de ne pas avoir pu vivre ma grossesse pendant 9 mois du fait de la grossesse Surprise. Par contre j’ai tout de suite été fusionnelle avec mon bébé. Il est devenu tout dès que je l’ai tenu dans mes bras. Une seconde sans lui c’était une éternité.
 
Pour toutes ces raisons, je trouve qu’on devrait dès le début parler aux mamans d’une possibilité de césarienne et ce que ça engendre. Et un suivi psychologique pour les aider à passer cette étape.